Pages

dimanche 5 juin 2011

Espagne méconnue, de Laguardia à Bilbao


Nous avions ouvert ce blog, il y a plus de deux ans, par deux articles sur la Rioja et Bilbao, à la suite d'un voyage de prospection dans le nord de l'Espagne. J'ai pu, la semaine passée, accompagner un groupe bien sympathique à la découverte de ces lieux méconnus. Comme tous n'étaient pas fous d'architecture et d'oenologie, le programme initial a été revu: outre les chais et pintxos, j'ai intégré visites de bâtiments historiques, balades naturelles, et autres, m'amenant ainsi à enrichir mes connaissances dans des domaines qui ne me sont pas familiers et ... à compléter mon vocabulaire.


Le séjour débute par la Rioja et la propriété "Marquès de Risqual", qui ne semble pouvoir décevoir. Loger dans une oeuvre de Gehry n'est pas banal: l'hôtel surprend par sa majesté, sa beauté et sa quiétude.


Surplombant la vallée de l'Ebre, le village fortifié de Laguardia héberge quelques joyaux de l'art roman et gothique ainsi que nombre de commerces résistant à la modernité.


L'innovation et la flamboyance ne sont pas le propre des dernières décennies. Pour preuve, dans l'église discrète de Labastida, on découvre ce retable baroque des plus chargés, révolutionnaire pour son époque.


Autre temple, autres dieux: Ysios, bodegas conçue par l'architecte Santiago Calatrava.


Et plus loin, mon chais préféré, Baigorri, du basque Inaki Izpiazu. Accueil commercial et marketing bien orchestré pour ce vin tout jeune. Ce qui n'enlève rien à la qualité du lunch que nous avons dégusté dans le très beau restaurant situé au dernier niveau de l'édifice-cave.


La vallée de la Rioja est abritée, dans sa partie alavanèse, par les Monts cantabriques, qui, avec leurs sommets culminant à 1400 mètres, la protègent du climat tempéré et océanique typique du Pays basque. La rupture est frappante. Sans cette barrière naturelle, il n'y aurait ni vigne ni vin.

Nous avons visité la parc naturel de Izki, situé au Nord du massif, qui concentre une faune (rapaces, visons, ...) et une flore (forêt primaire) dont les particularités exceptionnelles s'expliquent notamment par cette rencontre de climats différents.

L'Ebre, le fleuve ibérique le plus dense, marque de ses méandres, la vallée de la Rioja. Il prend sa source au pied (Sud) des Pics d'Europe, à quelques kilomètres de l'Atlantique, mais s'en détourne pour traverser d'Ouest en Est, tout le Nord de l'Espagne et se jeter dans la Méditerranée entre Barcelone et Valence. Des projets de détournement partiel sont à l'étude, pour alimenter la capitale catalane en eau.




Entre Haro et Bilbao, nous faisons étape à Vitoria-Gasteiz, capitale administrative de la Communauté autonome du Pays Basque. Ville d'apparence peu intéressante, elle concentre une quantité très élevée d'institutions culturelles et publiques et s'est vu décerner le titre de Capitale européenne de l'environnement pour l'année 2012. Guidé par un responsable municipal -Fernando-, nous y découvrirons le tout nouveau Centre de sensibilisation à l'Environnement (Ataria), très belle réalisation architecturale et muséale.


Autre initiative témoignant du dynamisme de la ville: la visite "Ouvert pour travaux" de la Cathédrale Sainte-Marie. Depuis une dizaine d'années, l'édifice historique -cher à Ken Follet- connait d'importants travaux de rénovation et se laisse découvrir en l'état, avec ses fondations et ses fouilles visibles, ses échafaudages accessibles et ses ouvriers à l'ouvrage.



Le séjour se poursuit par deux journées à Bilbao, en compagnie de Monica, architecte locale. Certains dans le groupe se demandaient ce que nous venions faire ici. La ville n'a pas aussi bonne presse que Barcelone. Et pourtant, elle semble mieux résister à la crise économique qui frappe tout le pays. C'est que sa reconversion économique ne date pas d'hier. Bilbao, deuxième port d'Espagne, a subi le déclin de l'industrie lourde dans les années 70(sidérurgie, chantiers navals, ...). Le chômage était élevé, la pollution forte et son attrait quasi nul. Mais les années 80 sont celles de la prise de conscience et de la définition volontariste d'un nouveau projet de ville. De grands travaux sont programmés et des architectes reconnus sont appelés pour contribuer à la reprise: Norman Foster (Métro), Santiago Calatrava (Aéroport et passerelle), Frank Gehry (Guggenheim), Arata Osozaki (tours de logements). La ville reprend, soutenue par sa tradition d'ouverture, de commerce et de services. Elle offre aujourd'hui une image dynamique, auquel quelques chefs étoilés, aux côtés des stars de l'architecture (Zaha Hadid et Richard Rogers), devraient définitivement apporter une dimension internationale.







noma experience











lundi 3 janvier 2011

Francis Alÿs, marcheur à suivre


Retour sur notre dernier voyage 2010… Au Wiels (www.wiels.org), à Bruxelles, une plongée dans l’univers et les déambulations de Francis Alÿs.

On le décrit comme « une star mondiale (La Libre), un « artiste majeur » (artpress), au «parcours d’une richesse et d’une variété inouïe » (Le Soir) et pourtant il est peu connu du public belge: Francis Alÿs (Anvers, 1959), architecte et urbaniste de formation, installé à Mexico depuis 1986, n’avait pas encore bénéficié d’une telle rétrospective en Belgique (ceci explique peut être cela). A coup sûr, la monographie « A Story of Deception » présentée au Wiels (jusqu’au 30 janvier), après la Tate Modern et avant le MoMA, va le consacrer en son pays.



The Loop, Tijuana - San Diego, 1997

C’est l’exposition à voir du moment. En prenant son temps. Elle est très cohérente, met bien en valeur le travail cohérent, poétique, intelligent et à portée universelle de Francis Alÿs.

18 films structurent l’exposition. Les étages du Wiels sont découpés en salles de projection. Dans chaque pièce, une vidéo, illustration d’une action de l’artiste, passe en boucle. Parfois, des dessins la documentent ou des successions d’images et de diapos (jeux d’enfants, carrioles, chiens endormis…) y sont associés.




La plupart de ses performances filmées sont des marches, des dérives, des poursuites, dans la ville ou dans des paysages remarquables:



Paradox of Praxis I
, Mexico, 1997

Au centre historique de Mexico, Francis Alÿs pousse un bloc de glace de longues heures durant, jusqu’à ce que celui-ci ne soit plus qu’une flaque immobile («Parfois faire quelque chose ne mène à rien »).



The green Line, Jérusalem

A Jérusalem, il trace une ligne verte au moyen d’un pot de peinture au fond troué, matérialisant ainsi cette démarcation entre la Jordanie et Israël, dessinée sur carte en 1948 par Moshe Dayan.



Tornado, Mexique, 2000 à aujourd'hui

Dans la campagne mexicaine, l’artiste traque depuis dix ans de mini tornades de poussières et se jette dans leur tourbillon monochrome (Tornado).



When faith moves mountains, Lima, 2002, Francis Alys en collaboration avecRafael Ortega and Cuauhtémoc

A Lima, il persuade 500 étudiants de déplacer une imposante colline de sable (When faith moves mountains).

Autant d’actions éphémères, répétitives, absurdes, de propositions empruntes de poésie, d’allusions évidentes à des situations politiques, aux notions de frontières, de progrès, d’évolution sociale et d’inertie…C’est ludique et mélancolie à la fois, simple, évident. Un travail à découvrir et à suivre.

Vidéos consultables ici, articles de presse ici.


mercredi 29 décembre 2010


aricia team vous souhaite une belle année 2011




lundi 22 novembre 2010

Habitat durable en province liégoise

Jeudi 18 novembre: nous accompagnons un petit groupe composé d'architectes, de promoteurs et d'entrepreneurs pour deux visites en Province de Liège: un quartier en devenir à Visé -Les Pléiades- et une maison passive près du Signal de Botrange.

A Visé, Laurent Minguet, industriel éclairé devenu promoteur immobilier, nous présente son projet (groupe Horizon) de logements thermo-efficaces. Le terrain, situé entre le canal Albert et la Meuse, proche du centre de la petit ville frontalière, est en chantier. Une trentaine de maisons sont déjà érigées. Le quartier accueillera dans sa phase définitive 220 logements: 150 maisons mitoyennes, 70 appartements. L'essentiel sera mis en vente; une trentaine d'appartements seront réservés à la location.

220 logements pour 14 ha, c'est, pour notre hôte, une densité bien trop faible. "Si on veut faire des économies d'énergie, commençons par construire dense et compact". La densité n'est pas vraiment au rendez-vous; la compacité bien. Les chevaux de bataille de Minguet sont notamment: toiture plate (pas évident en région wallonne, mais assez bien acceptée à Visé) et mitoyenneté (encore difficile à faire passer dans la mentalité "4 façades"). Autre élément-clef: l'orientation des immeubles. Le quartier est constitué de rangées parallèles de maisons dont les façades "jardin", avec leur pièces de vie attenantes et leurs baies généreuses donnent au Sud, histoire de profiter au mieux de l'ensoleillement pendant les mois froids; ce qu'on appelle l'énergie solaire active. L'écartement entre les rangées est suffisant pour éviter l'ombre et donne une sensation d'espace et d'ouverture.




Les habitations ne sont pas passives. "Construire passif n'a pas de sens" affirme le manager. "Le sur-investissement nécessaire pour atteindre le standard passif ne peut être amorti, ni sur le plan économique, ni sur le plan écologique. Je préfère de loin des maisons à faible consommation (l'équivalent de 3 litres de mazout au m2 par an), grâce à leur bonne isolation et leur inertie thermique (notamment due à la toiture végétale) chauffée au départ de sources non fossiles".



Dans le quartier, deux apports alimenteront le chauffage et l'eau chaude sanitaire: les panneaux solaires thermiques, installés individuellement sur chaque maison et une chaudière à pellets collective, alimentant un réseau de chaleur couvrant tout le quartier (pour l'instant, 3 kms sont déjà construits; il n'est reste plus que deux à ajouter).

Particularité du système: les chaudières (400 KW au total) et le réseau sont financés et exploité, pendant 15 ans, par un tiers investisseur, Green Invest en l'occurrence. Ce qui résout le problème de portage du sur-investissement, comme on dit en France.



Plus tard dans l'après-midi, nous visitons les locaux de la Menuiserie Dethier / Batisam à Ovifat. Pascal Dethier, administrateur délégué des deux sociétés, nous montre ses ateliers, artisanaux en voie d'automatisation. Nous terminons la journée par la découverte de la maison - passive - de Pascal, qui en a fait, avec enthousiasme et dynamisme, le show-room de ses entreprises.

Une journaliste du quotidien Le Soir nous accompagnait lors de cette deuxième visite; son article paraîtra prochainement (24/11/2010) dans LE SOIR Immo. A lire et à voir absolument !




Fleurs du jury